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faiblesse du pape envers les siens, ne doutèrent plus alors qu’elles jouiraient paisiblement des héritages que leurs oncles Urbain VIII et Innocent X leur avaient laissé amasser. D’abord on cria beaucoup ; on jasa ensuite, puis l’orage se calmant peu à peu, le tout se termina par des chansons et des pasquinades, et au résultat, la volonté de dona Olimpia fut faite ; sa famille, sa maison, ainsi que celle des Barberins, demeurèrent en puissance d’énormes richesses, quoiqu’elles les eussent si injustement acquises.

On n’a point oublié sans doute la vieille sœur d’Innocent X. Dona Agathe mourut un an après son frère. Depuis l’affaire des legs faits par Innocent, elle n’avait plus cessé d’être en querelle avec le prieur de son couvent. À la suite d’une altercation qu’elle eut avec cet ecclésiastique, elle se rompit un vaisseau dans la gorge, et mourut presque subitement.

Un homme dont il a été fort peu question depuis son élévation au cardinalat, Maldachini, le neveu de dona Olimpia, n’est cependant pas si insignifiant que les personnes de la cour de son oncle ont pris soin de le faire croire. Si l’éclat de son rôle dans cette histoire en a souffert quelque peu, ce n’est pas une raison pour omettre de faire connaître la droiture de son caractère. À peine le cardinal Maldachini eut-il l’occasion de connaître la conduite de sa tante, qu’il ne put la voir sans horreur, et il resta habituellement éloigné d’elle. Entièrement attaché à ses devoirs ecclésiastiques, n’usant de son élévation et de ses richesses que pour secourir les pauvres et les malheureux, il fournit une carrière obscure, mais on ne peut plus honorable. Il alla en France, où il passa plusieurs années. Louis XIV l’aimait, se plaisait à le voir, et plus d’une fois ce souverain lui fit sentir la puissance de sa protection jusque dans Rome, en exigeant, par l’intermédiaire de son ambassadeur, que l’on rendît au cardinal Maldachini des prérogatives qu’on lui disputait injustement. Maldachini était un honnête homme, et cette distinction, si rare de son temps, mérite d’être signalée.

Le cardinal Cecchini, dataire sous Innocent X, celui qui laissa faire à Mascambruno, placé sous ses ordres, toutes les