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et la recommandation du marquis, le firent accueillir avec distinction par le gouvernement de Porto-Longone.

Déjà, et sans savoir encore ce que M. de Vézelai venait lui apprendre, cet habile et prudent officier avait muni de fortifications imposantes la place dont la défense lui était confiée. Mais d’après les renseignements qu’il venait de recevoir, il redoubla de soins pour les rendre imprenables, et soumettre les troupes à la plus stricte discipline. M. de Vézelai, étranger à la science des fortifications, fut particulièrement chargé d’établir l’ordre dans le service militaire, et ce fut avec un zèle vraiment amical qu’il saisit cette occasion d’initier M. de Beauvoir dans les secrets de sa nouvelle profession. Animé d’abord par le désir de répondre à la confiance qu’on lui montrait, puis s’étant bientôt aperçu qu’il avait trouvé ce qu’il cherchait depuis longtemps, un emploi honorable de ses facultés, le gentilhomme Poitevin se montra d’abord soldat si obéissant, puis s’acquitta successivement si bien des devoirs plus importants qu’on lui imposa, que M. de Noailles, après lui avoir confié des commandements partiels, le mit à la tête d’une bonne partie des troupes.

Il avait achevé son apprentissage militaire ; c’était même déjà un bon officier, lorsque les troubles de la Fronde augmentant sans cesse, la cour de France n’eut plus le loisir nécessaire pour s’occuper de ses intérêts en Italie. L’Espagne crut devoir saisir ce moment pour reprendre Piombino et Porto-Longone, qui lui avaient été enlevées quelques années avant. Le conseil de Madrid et ceux des ministres d’Espagne qui se tenaient à Naples et à Milan, se concertèrent pour équiper une flotte, et transporter des troupes afin de déloger les Français de ces deux places fortes, à l’abri desquelles manœuvraient sans cesse une foule de corsaires qui infestaient la Méditerranée. On fit d’abord le siège de Piombino, auquel assistèrent le comte d’Ognates et le prince Ludovisi, gendre de dona Olimpia, à qui appartenait cette principauté. L’artillerie battit longtemps, mais en vain, les murs de cette ville. Les chaleurs de l’été et l’air malsain du pays, joints aux sorties fréquentes et audacieuses des Français, ayant fait reconnaître aux assiégeants le danger qu’il y au-