Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/136

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Ah ! Soyez peintre aussi ! Venez ; à votre voix
Les hôtes de la plaine et des monts et des bois
S’en vont donner la vie au plus froid paysage.
Là, dès qu’un vent léger fait frémir le feuillage,
Aussi tremblant que lui, le timide chevreuil
Fuit, plus prompt que l’éclair, plus rapide que l’œil :
Ici, des prés fleuris paissant l’herbe abondante,
La vache gonfle en paix sa mamelle pendante,
Et son folâtre enfant se joue à son côté.
Plus loin, fier de sa race et sûr de sa beauté,
S’il entend ou le cor ou le cri des cavales,
De son sérail nombreux hennissantes rivales,
Du rempart épineux qui borde le vallon,
Indocile, inquiet, le fougueux étalon
S’échappe, et, libre enfin, bondissant et superbe,
Tantôt d’un pied léger à peine effleure l’herbe,
Tantôt demande aux vents les objets de ses feux ;
Tantôt vers la fraîcheur d’un bain voluptueux,
Fier, relevant ses crins que le zéphir déploie,
Vole et frémit d’orgueil, de jeunesse et de joie :
Ses pas dans tous vos sens retentissent encor.
Voulez-vous d’intérêts un plus riche trésor ?
Dans tous ces animaux peignez les mœurs humaines ;
Donnez-leur notre espoir, nos plaisirs et nos peines,
Et par nos passions rapprochez-les de nous.
En vain le grand Buffon, de leur gloire jaloux,