Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/37

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champs à célébrer, en vers dignes de la nature, ses phénomènes et ses richesses. En enseignant l’art de peindre les beautés champêtres, l’auteur a tâché d’en saisir lui-même les traits les plus majestueux et les plus touchans.

Le traducteur des Géorgiques de Virgile, en composant les siennes, s’est affligé souvent d’avoir avec son modèle la plus triste des ressemblances. Comme Virgile, il a écrit sur les plaisirs et les travaux champêtres pendant que les campagnes étoient désolées par la guerre civile et la guerre étrangère : comme lui, il détournoit ses yeux de ces amas de cadavres et de ruines, pour les rejeter sur les douces images du premier art de l’homme et des innocentes délices des champs. Auguste, paisible possesseur de Rome encore sanglante, s’occupa de ranimer l’agriculture et les bonnes moeurs, qui marchent à sa suite ; il engagea Virgile à publier ses géorgiques : elles parurent avec la paix, et en augmentèrent les charmes. C’est un heureux augure pour son imitateur : puisse ce poëme porter dans les ames effarouchées par de longues craintes, ulcérées par de longues souffrances, des sentimens doux et des affections vertueuses !