Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/30

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rien. J’ai eu tort de ne pas le boire quand il était chaud. Vous comprenez : ils me font boire de l’eau tiède en guise de café sous le prétexte que j’ai les nerfs… ça, je dois dire que mes nerfs sont un peu… bah, laissons faire… tout cela va changer bientôt…

Il renversa la tête, soupira, prit une cigarette et dit en l’allumant :

— Tout cela… va bien… changer… bien changer.

Je me sentais aussi idiot que possible.

Je conciliais :

— Il faut se résigner à se laisser soigner quand… Il m’interrompit, brusque :

— Vous êtes Français ?

Je n’eus pas le temps de répondre.

— Vous avez une femme, peut-être ?… Dites, vous avez une femme… ah ! je sais bien que vous êtes Français… vous avez eu une bonne idée en montant me voir…

Je commençais, à part moi, d’en douter.

— Dites-moi…

Il hésitait.

— Oh ! non, ce n’est pas possible.

— Je vous empêche peut-être de jouer ? demandais-je.

— Non, ma foi, causons, causons musique, voulez-vous… Aimez vous Stravinsky ? Je le