Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/32

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reproduite ; il serait même à souhaiter que vos propres journaux… dans votre intérêt…

— Je ne lis pas les journaux.

Il dit cela durement, comme s’il avait failli s’emporter en y pensant et qu’il s’obligeât d’être en paix.

— On ne me permet pas de lire les journaux… parce que j’en lisais beaucoup… et j’ai écrit… il y a six semaines, j’ai voulu écrire à un journal… à un journal français… on m’a pris ma lettre… les autres… les deux qui viennent, vous avez dû les voir… avec ordre de ne rien me laisser lire… mais chut… chut… tout ça va changer.

— Vous allez partir d’ici ? Rentrer chez vous, peut-être.

— Chez moi ?

Il rêva.

— Chez moi… peuh… mais c’est ici, chez moi… c’est ici… hein ?… oui…

Mais il secoua la tête.

— Ne parlons pas de ça… Vous ne pouvez savoir comme ce café est mauvais quand il est froid… ah ! quand il est chaud, et encore…

Il semblait exténué. Je me levai :

— Je ne voudrais pas vous indisposer en vous tenant trop longtemps.

— Non, non, non. Restez.