Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/33

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Il me força de m’asseoir.

— Restez, voyons. Je ne suis pas très amusant. C’est que je ne suis pas encore tout à fait remis… pas tout à fait… alors j’entrave la conversation… Dites-moi, oui, vous disiez cela, vos journaux disent bien ce qui est et pas autre chose. Les nôtres ne peuvent pas. On ne les autorise pas. Et puis… et puis… je ne vois pas bien le résultat… non, je ne vois pas du tout… Si on pouvait tout dire… si certaines gens… certaines… certaines… pouvaient parler… ah ! je crois que… mais il n’y a pas moyen… je suis lié, bouclé, caché… je ne peux pas… je ne peux pas… il faudrait connaître en France… trouver quelqu’un sans que personne le sache… mais ça se saurait, comprenez-vous, ça se saurait, voilà, voilà, ah ! voilà…

Je ne m’amusais plus du tout ; je le trouvais incertain dans ses propos et je pensais à m’éclipser. Mais il semblait si malheureux que je voulus lui causer un plaisir.

— Écoutez, je ne veux pas prendre sur moi de vous communiquer des journaux français… mais j’ai écrit quelques articles sur Paris pendant la guerre… peut-être cela vous distraira-t-il de voir comment…

Il me regardait ardemment. Il s’était levé pendant que je parlais et il devenait pourpre. Il cria :