Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/41

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Monsieur de Berlin avait repris son complet de flanelle blanche et aussi ses manières tempêtueuses de la veille. Lorsque j’entrai, il ouvrit une petite valise et en tira une liasse importante de feuillets couverts d’écriture.

— Voilà la chose, dit-il.

Et violemment :

— Ah ! comme j’avais peur que vous ne soyez parti.

Puis, en manière d’excuse sans doute :

— Ce matin… je n’étais pas… je n’étais plus… enfin je suis malade quelquefois… Dites-moi… Mais asseyez-vous, mon cher.

Je voulais résister. Il m’assit presque de force. Je sentis qu’il avait la main lourde et dure. Un officier, un officier de la garde, sûrement.

— J’ai fort peu de temps, lui dis-je. On va sonner le dîner, et je pars aussitôt après pour la France.

Il sourit.

— Ne dites rien. Parler prend du temps. Écoutez-moi.

Il vérifia que son valet était sorti et que toute porte restait close. Il vint s’asseoir tout près de moi.

— Ces papiers, hein, ces papiers-là, vous allez les glisser dans votre poche… vous ne le direz à personne… oui, oui, vous le jurez… vous