Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/101

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bourgeois de Paris, du bruit de ses talents, de son esprit, de sa beauté. Des aptitudes merveilleuses, une éducation savante et rare, avaient donné à cette jeune femme tous les dons et tous les agréments qui faisaient d’une femme ce que le dix-huitième siècle appelait une virtuose, un modèle accompli des séductions de son sexe… Pour plaire et charmer, Mme d’Étioles avait un teint de la plus éclatante blancheur, des lèvres un peu pâles, mais des yeux à la couleur indéfinissable, en lesquels se brouillait et se mêlait la séduction des yeux noirs, la séduction des yeux bleus. Elle avait de magnifiques cheveux châtain clair, des dents à ravir et le plus délicieux sourire, creusant à ses joues les deux fossettes que nous montre l’estampe de la Belle Jardinière.[1] Elle avait encore une taille moyenne et ronde, admirablement coupée, des mains parfaites, un jeu des gestes et de tout le corps vif et passionné et, par-dessus tout, une physionomie d’une mobilité, d’un changement, d’une animation merveilleuse où l’âme de la femme passait sans cesse et qui, sans cesse renouvelée, montrait, tour à tour, une tendresse émue ou impérieuse, un sérieux noble ou des grâces friponnes. »[2]

Il a paru curieux de réunir ici les portraits des quatre odalisques dont les existences brillantes résument presque le règne de Louis XV. C’est une dégringolade sur l’échelle sociale. Les sœurs de Nesles appartenaient à la noblesse, Mme de Pompadour à la bourgeoisie ; nous arrivons à la du Barry et au Parc-aux-Cerfs qui conduisent à l’encanaillement de la royauté et à la boue.

  1. Portrait de Mme de Pompadour peint par Vanloo, gravé par J.-L. Anselin, qui était au château de Bellevue.
  2. Mme de Pompadour, l’édition Charpentier in-18, p. 7.