Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/171

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formes extérieures des choses, évoqué des idées avec des images vierges, trouvé des mots couleurs, saisi et rendu les nuances des nuances, les délicatesses impalpables, enfin tout ce que bien d’autres, impuissants, rendent par comparaison ou par à peu près. Le livre, dans l’esprit du lecteur, ne finit donc pas par une démonstration rigoureuse ; aucune philosophie ne s’en dégage ; l’émiettement des idées ne se concrète pas en théorie, l’aube d’une foi ne blanchit pas à l’horizon. L’œuvre vaut surtout par sa forme ; il en sort seulement cette vérité aveuglante que ses auteurs sont des artistes hardis et puissants, mais qui n’écrivent pas pour prouver, comme un Pascal ou un Descartes. Ils se contentent de peindre et d’émouvoir.


XIX

Madame Gervaisais.

« Le plus complet, le plus beau incontestablement, mais aussi le plus dédaigneux et le plus hautainement personnel de leurs livres… Aucune intrigue, la plus simple histoire d’une âme de femme, odyssée à travers une série de descriptions admirables, d’une intelligence vaincue par les nerfs et partie de la libre possession de soi pour aller succomber, à Rome, sous l’énervement du climat, à l’ombre des ruines, dans ce je ne sais quoi de mystique et d’endormant qui tombe des murs des églises, parmi l’odeur d’encens des pompes catholiques. »