Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/248

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romantisme, de l’aristocratique, du catholique, de l’esthétique Balzac ! Eh bien, aujourd’hui M. de Goncourt accepte bénévolement d’être le générateur de cette ribaudaille qui se cherche des paternités partout. Aujourd’hui, il brandit l’amitié de M. Zola. Il dit orgueilleusement mon ami M. Zola ! — et peut-être moi, ajoute-t-il modestement. Aujourd’hui il s’embrigade lui-même dans cette anarchique cohue sans brigadiers de Sans-Culottes littéraires qui veulent déculotter tout, comme ils l’ont dit, dans un impudent et presque impudique manifeste qu’il faut citer pour les en punir ! Évidemment ceci est plus grave que l’apparition d’un mauvais livre isolé. C’est la disparition volontaire d’un homme qui marchait au premier rang de l’état-major intellectuel de son siècle et qui se jette dans le trou de sa décadence, de ce byzantinisme encore plus honteux que celui de la décrépite Byzance, car le sien, à Byzance, s’exerçait sur les choses sacrées, sur la théologie, sur la science de Dieu ?… Qui pique une tête en ces bas-fonds y perd la sienne. Il me serait impossible, s’il l’y perdait, de ne pas regretter la noble tête de M. Edmond de Goncourt. »[1]

À l’époque où nous sommes arrivés prend place la publication d’un travail biographique sur Madame Saint-Huberty, l’illustre cantatrice tant admirée par Louis XVI que, pour l’aller entendre, il avançait l’heure du conseil des ministres. Chateaubriand a chanté en prose et Napoléon Ier en vers cette boîte à musique indifférente pour son art, qui ne songea jamais à prendre parti dans la lutte épique entre Gluck et Piccini, et qui semble avoir été l’épreuve d’artiste de Manon Lescaut !

  1. Constitutionnel, 12 mai 1879.