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Leur œuvre a donc deux faces tout à fait distinctes, mais qui ne nuisent en rien à sa réelle unité. En effet, les Goncourt ont été, presque dès le début, ce qu’ils devaient être ensemble pendant vingt ans, ce qu’est encore M. Edmond de Goncourt. Ils ne sont jamais sortis littérairement des deux domaines qu’ils s’étaient choisis ; ils en ont épuisé les faces les plus diverses. De la société du dix-huitième siècle, ils ont fait une histoire générale et presque complète ; de la société contemporaine, ils ont étudié les phénomènes individuels les plus différents.

Ils étaient entrés dans la vie avec une fortune modeste qui assurait leur indépendance matérielle. Ils n’eurent jamais souci de l’augmenter par des travaux lucratifs ou par des combinaisons d’affaires. Éloignés du monde, travaillant sans cesse, ils sont demeurés tout entiers à leur besogne d’artistes qui a absorbé leurs deux vies. Ils ont été les vrais types de l’homme de lettres laborieux, au dix-neuvième siècle. Dans l’ardeur des discussions, souvent très passionnées qu’a soulevées leur œuvre et aussi des criailleries qui jappent encore contre elle, les adversaires les plus ardents n’ont jamais attaqué la loyauté de leur effort et la dignité de leur vie.


II

La Famille.

« Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, Duc de Lorraine et de Bar, à tous ceux qui ces présentes verront, salut : savoir faisons que, vu par notre Chambre du conseil, Cour des Comptes et des Aides de notre Duché de Bar, la requête à elle présentée par notre cher et bien aimé Huot, notre