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l’honneur, à aller vivre quelques jours avec vous, si vous voulez encore de moi.
Amitiés tendres au gentil ménage.
Edmond de Goncourt.

Mme A. Daudet à M. E. de Goncourt :

Champrosay-Draveil (Seine-et-Oise), 17 août 1885.

Cher monsieur, le landau file sur Corbeil avec les grands-parents, Alphonse et Lucien ; et moi je reste, déjà occupée de mon départ de jeudi.

D’abord je vous ai promis des nouvelles. Toujours les mêmes : Alphonse souffre par moments de vives douleurs qui s’apaisent ensuite. De l’appétit, mais peu de sommeil. J’espère en Lamalou dont on nous vante les effets et j’ai hâte d’y être, malgré le chagrin de quitter nos parents et d’allonger encore la distance qui nous sépare de Léon. Deux jours et demi mettent les lettres à nous arriver. Il paraît gai, bien portant et nous écrit avec une gentille vivacité affectueuse. Mais quel grand vide pour nous tous, pour le petit frère. Ah ! que la vie a donc des complications d’inquiétudes et que je suis peu faite pour les séparations. Un jour sans nouvelles, on s’assombrit, on reste inactif, désemparé.

J’espère que vous allez tout à fait bien maintenant, cher monsieur, et nous pensions à votre joie de retrouver le jardin d’Auteuil, les jolis arbustes et ce calme particulier que l’on respire chez vous, si net, si reposant et plein.

Vous nous avez laissé ici un beau souvenir avec vos lectures d’après-midi[1] ; nous en causons souvent. Mes parents ont été ravis. Le salon est consacré. Je m’y sens plus intelligente et je suis tourmentée de travail depuis votre départ, de travail inexécuté…

À septembre maintenant. Dites-nous que votre santé est bonne et adressez ici, soit avant jeudi, soit après. Nous n’avons pas encore la réponse de l’hôtel où nous désirons descendre ; mais on vous avisera tout de suite.

Les grands, les petits vous envoient mille bonnes et affectueuses pensées, cher monsieur.

Julia A. Daudet.

  1. Lectures des cahiers manuscrits du Journal.