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comme je vous l’ai dit — je suis d’une lézarderie repoussante.

C’est ainsi que, par tous ces mauvais temps qu’il a fait, je regardais imbécilement de ma fenêtre tomber la pluie dans la rivière et voilà tout ce que j’ai fait. Et ce sera ainsi chez la princesse, et ce serait encore ainsi chez les Parrocel. Il faut donc, dans les premiers jours du mois de septembre, rentrer dans son cabinet de travail et là finir son bouquin entre ces murs de livres où je rentre en possession de ma cervelle d’homme de lettres.

Car, c’est très singulier ! non seulement chez les autres je ne travaille pas, mais je suis une pure bête, avec rien du tout sous le crâne, parole d’honneur ! Ne m’en veuillez donc pas, chère madame, de repousser vos affectueuses exigences et croyez bien, encore une fois, que je regrette autant que vous pouvez le regretter, de n’être pas au milieu de vous pendant le mois de septembre.

Et l’on vous serre la main, chère madame, ainsi qu’au rhumatisant, et l’on embrasse le grand fieu et le petit Zézet.

Edmond de Goncourt.
3 février 1886.
Chère madame,

On ira dîner jeudi et samedi. Alors, pourquoi pas, tout de suite, vous prendre en pension ? Discrète, oui, mais trop ! Je vous aurais préférée indiscrète. Ça aurait mis un peu d’humanité, pas tout à fait noire, dans mon milieu aux couleurs tendres.

Oh, les réclamiers ! les réclamiers ! nom d’un petit chien, ça manque-t-il de tact, à l’heure présente !

Amitiés tendres au ménage.
Edmond de Goncourt.

M. Alphonse Daudet à M. E. de Goncourt :

Dimanche 1er août 1886, saint Alphonse.

Dix heures du soir. La pluie fouette la vitre, une eau qui vient de loin et gicle. Je vous écris du petit cabinet d’en haut[1], bien seul, tous couchés… très heureux. Ma femme, en rentrant chez elle, m’a fait promettre de vous donner de nos nouvelles et je t’en donne, mon vieux Goncourt !

L’installation a été dure. Tout est bien, à part ça qu’on manque de tout. Julia se fait des mauvais sangs par pintes ;

  1. M. Daudet n’avait pas encore, à lui, une installation à Champrosay. Il était chez son beau-père, M. Allard.