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Si je vous ai fait le récit de cette cérémonie, c’est qu’elle fut unique dans nos annales, car trois ans après, le 8 fructidor an XIV, l’on supprima, au moment des funérailles, l’éloge funèbre des magistrats décédés, pour le reporter au jour de l’audience de rentrée du Tribunal. Cet usage s’est conservé jusqu’à notre époque et si j’ai la bonne fortune d’y déroger aujourd’hui, c’est qu’en cette année judiciaire la mort s’est montrée plus clémente envers les membres de notre Compagnie. Deux discours étaient alors prononcés dans cette séance solennelle : l’un par un Président ou Magistrat du siège, l’autre par un membre du Parquet. Le siècle qui finit vous a, Messieurs, débarrassés de l’un, le siècle qui se lève nous déchargera-t-il de l’autre ? Si j’ose émettre ce vœu, ce n’est pas, croyez-le bien, que nous reculions devant le travail qui nous incombe, mais plutôt, c’est que nous craignons, en vous imposant l’obligation de nous entendre, de vous causer quelques moments d’ennui.

Tels furent à Rennes, à son Hôtel de Ville et à son Palais, les événements notables de cette année dont j’ai essayé de vous résumer l’histoire ; et, voilà que déjà le siècle, dont la fin de 1800 marqua la naissance, est à son tour sur le point de se perdre dans le passé. Mais avant de s’éteindre, au milieu de tous les changements de régimes dont il fut le témoin, il a pu retrouver pour veiller