Page:Depasse - Henri Martin, 1883.djvu/12

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de ses méditations. Ce grand travailleur n’a plus de hâte ni de contrainte : il s’épanche avec la facilité et l’abondance d’un homme excellent qui a tout appris et tout retenu. Il possède les notions les plus exactes sur tous les problèmes de la politique du monde, il connaît les intérêts de tous les peuples ; l’Angleterre, l’Allemagne, les races slaves font tour à tour les frais de la conversation qu’il a engagée avec vous à l’improviste sur le pont de la Concorde ou des Arts. S’agit-il de quelque mauvaise action, d’une lâcheté politique, d’une trahison parlementaire, il l’écrase, en passant, d’un mot dur et décisif. Il a des sympathies pour toutes les nations, parce qu’il les comprend toutes, il s’intéresse à leur avenir, il explique leurs fautes, leurs faiblesses, il voit leurs dangers intimes dans les moments mêmes où elles paraissent le plus environnées de gloire et de puissance. Il n’en hait aucune, mais il adore son pays d’un amour indicible. La France malheureuse, vaincue, diminuée de cet idéal de grandeur et d’influence où il a pris l’habitude de la contempler pendant les longues heures méditatives de sa vie, la France est devenue l’incessant tourment de sa con-