Page:Depasse - Henri Martin, 1883.djvu/13

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science, la passion exclusive et dominatrice de tout son être.

L’historien qui a consacré son existence à retracer les annales de la patrie, qui s’est identifié à elle dans ses gloires comme dans ses revers, dans ses joies triomphantes et dans ses douleurs infinies, qui l’a retirée toute vivante et tressaillante de la poussière des bibliothèques, mieux encore, de la poudre des monuments et des tombeaux sacrés des aïeux ; qui est allé la découvrir au fond le plus caché des âges, qui l’a reconnue, composée et rassemblée par la pensée, alors qu’elle n’était encore qu’un amas confus de membres épars, qui a placé la main sur son cœur et qui l’a senti battre, et qui a dit : Voilà le battement de l’âme de la France ! dans des temps où elle ne portait pas de nom encore et où elle-même n’avait pas conscience de sa vie et de sa fortune ; puis qui l’a suivie, accompagnée de degré en degré, par un travail ardent de plus d’un demi-siècle, à travers toutes les périodes splendides ou sombres de ses luttes séculaires ; qui enfin a éprouvé cette joie de pouvoir l’admirer dans toute la plénitude de sa grandeur, de sa beauté et de son génie, le jour trois fois