Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 1, Boulland, 1830.djvu/381

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La pluie à longs torrents inondait le chemin ;
Le vent soufflait : « Demain ! N’attends pas à demain ! »
Et je tombe à sa porte, et presque évanouie,
Par l’éclat des flambeaux je m’arrête éblouie.
Des danses, des parfums, des voix, des chants d’amour,
Remplissaient ce séjour.
Au milieu de l’encens qui formait un nuage,
J’ai vu d’un groupe heureux se balancer l’image ;
La plus belle au plus tendre abandonnait sa main :
C’était... l’ai-je rêvé ? c’était cet inhumain,
Comblé de tous les dons que l’amour nous envoie,
Plus qu’elle encor paré d’espérance et de joie !
Un prestige cruel m’attachait sur le seuil ;
Sous mon voile de deuil,
J’ai murmuré comme eux le chant de l’hyménée ;
Mais il était plus triste à mon âme étonnée
Que le cri de l’oiseau qu’on entend soupirer,
Quand, blessé, sur la rive il est près d’expirer.