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IDYLLES

Je suivais, en courant, ton image chérie
Qui m’attirait, souriait comme toi :
Mais aux travaux de la prairie
Les malins moissonneurs m’enchaînaient malgré moi.
L’un m’appelait si haut, qu’il éveillait ma mère ;
Je revenais confuse, en cueillant des pavots ;
Et, caressant ses yeux de leur fraicheur légère,
Je grondais le méchant qui troublait son repos.
Hélas ! Paurais voulu m’endormir auprès d’elle ;
Mais je ne dors jamais le jour.
La nuit même, la nuit me paraît éternell,
Et j’aime mieux te voir que de rêver d’amour.
Que mon œur est changé ! comme il était tranquille !
Je le sentais à peine respirer.
Ah ! quand il ne fait plus que battre et soupirer,
L’heure qui nous sépare au temps est inutile.
En voyant le soleil encor si loin du soir,
Je me disais : Mon Dien ! que ma mère est heureuse !
Le repos la surprend dès qu’elle peut s’asseoir ;
Ma mère n’est pas amoureuse !
Et je fermais les yeux pour réver le bonheur ;
Et mes yeux te voyaient couché dans ce bois sombre ;
Et, quand tu gémissais à l’ombre,
Le soleil me brûlait le cœur.
De ce bois où mon âme était toute attachée,
Deux fois j’ai vu sortir ton chien ;
II

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