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POÉSIES

Que toi-même tu n’en recèles ; Mais que j’ignore encor celui qui rend heureux.

Si jamais à l’Amour elle enlève une plume, Pour m’annoncer, tremblante, un premier rendez-vous, Romps alors ta lente coutume, Avance ! avance ! et reste à ce moment si doux. Mais, pour me consoler, cette belle inhumaine

N’a jamais de loisir. Tu marcheras toujours pour prolonger ma peine ; Elle y prend du plaisir. Ah ! pour toi, qu’elle admet jusque dans sa parure, Avec froideur, loin de te repousser, Si sa main te rencontre en nouant sa ceinture, Sa main semble te caresser. Près d’un sein palpitant où s’enfermeune Grace, Qui te balance, et te presse, et t’embrasse, Comment peux-tu demeurer, sans frémir, Où l’Amourmême aurait peur demourir ? Oui, caché par Lyris entre deux fleurs mi-closes, L’Amour, ivre d’amour et du parfum des roses, Aurait peine, accablé de sa félicité, A retenir son immortalité. Et quand son pied léger, que guide la cadence, T’associe, en jouant, au plaisir de la danse,