Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/658

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qu’on nomme lumineux, qu’vn certain mouuement qui paſſe vers nos yeux, & que le mouuement n’eſt iamais ſans le mobile, il faut donc auſſi par neceſſité que, comme la Lumiere des corps lumineux, c’eſt à dire le mouuement, paſſe des corps lumineux vers nos yeux, 5 auſſi le mobile y paſſe, qui n’eſt autre ſelon vous que la matiere ſubtile, où eſt receu ce mouuement.

Apres auoir cy-deſſus expoſé vos ſentimens ſur la forme ou eſſence de la Lumiere, qui ſelon vous ne conſiſte qu’en vne action, ou mouuement, ou inclination à 10 ſe mouuoir, &c. de la matiere ſubtile, &c, voyons maintenant ce que vous dites de ſa matiere, qui eſt cette matiere ſubtile.

8. Donc, page 256 des Metéeres, parlant de cette matiere ſubtile, vous dites qu’il en faut imaginer les 15 parties ainſi que de petites boules qui roulent dans les pores des corps terreſtres.

9. Mais, page 159 des meſmes Meteores, parlant des parties de l’air, de l’eau, de la terre & des autres corps, & diſant que, leurs parties n’eſtant pas bien 20 vnies, les interualles qu’elles laiſſent entr’elles ſont remplis de cette matiere ſubtile, vous dites en ſuite que les parties dont l’eau eſt compoſée ſont longues, vnies, & gliſſantes, ainſi que de petites anguilles qui, quoy qu’elles ſe joignent & entrelacent, ne ſe noüent ny ne 25 s’acrochent iamais de telle façon, qu’elles ne puiſſent aiſement eſtre ſeparées. Et au contraire que preſque toutes celles, tant de la terre, que | meſme de l’air & de la pluſpart des autres corps, ont des figures fort irregulieres & inégales. Deſquelles paroles il s’enſuit nettement 30

8 deſſus] deuant. — 26 en telle façon Desc.