Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/560

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

^48

��Correspondance.

��» vous entendes par elaterem, et si c'est un mot grec, qui est son » origine? »

« le ne comprend pas bien ce que vous dittes que les phénomènes » (terme propre aux astrologues, si toutefois je lis bien) n'empeschent point » de philosopher, si vous entendes par la que nous pouuons conceuoir les » choses sans espèces phantastiques; et vous prie me dire le lieu où Platon » et S. Augustin tiennent cela, et en quoy et auec qui ils se rencontrent. » Et si en un profond someil, auquel nous ne songeons aucunement, » l'ame a des pensées, comme dit Des Cartes {en marge : p. 5o-, ou n 2* édit., p. 418), d'eu vient que iamais nous nous en souuenons, sinon » parce que nous n'auons aucune image des choses, laquelle face impres- » sion sur nous? »

« le ne suis point a plaindre d'auoir affaire à monsieur Blanc [Thomas » White)\ car ie m'en deferay, quant ie voudray. Et ce que vous dittes, » auec moins de vérité, mais plus de bienueillance en mon endroit, que ic » seray cause qu'on apprendra quelque chose, ie le puis dire des obiec- » tions que vous et les autres aués fait à Des Cartes. . . »

« Quant au principe de Des Cartes, quidquid claré et distincte cognos- » ct'mus, est verum, que sçauons nous si nous cognoissons quelque chose » distinctement, posée la doctrinede Des Cartes qui descredite les sens ? Et n comment sçauons nous que totum est maius sua parte, sinon parl'induc- » tion qui est fondée sur le sentiment? Et de plus, ce que les uns pensent » conceuoir distinctement, n'est que conception confuse chés les autres. »

« le ne vois point que Monsieur Blanc puisse reformer sa doctrine par » la lecture de Monsieur des Cartes. Car encor qu'ils soyent en cela diffe- » rens, que le Blanc met la cogitation aux animaux, ce que nie Des Cartes » la prenant /To mente, toutefois ils conuiennent en cela : i. que deus est » ens a se, p. 334(2° édit., p. 2j5); 2. anim.x est quid completum, 309 » (2* édit., p. 253)'; 3. chés Monsieur Blanc l'esprit vital et animal est » l'ame des bestes : Des Cartes, s'il tient qu'il n'y a point d'ames dans les » bestes, pourra dire que les esprits sont comme les ressorts et les con- » trepoids qui les font mouuoir. »

« Pardonnes moy si ie n'ay peu dissimuler mon sentiment, et vous prie » me dire, si on peut dire que les diuines personnes sont de l'essence de « Dieu. Car quelcuns de nos théologiens tiennent que les relations, selon » nostre façon de conceuoir, ne sont pas de l'essence de la diuinité. Il y » en a d'autres qui disent que Dieu se perfectionne par les processions; » car par icelles il engendre et produit le S. Esprit et vit par ce moyen Il physicè se perfectionant, sans parler de la vie intentionelle, qui consiste » en cognoissance et volonté. »

« Gassendus a raison d'apologiser, par ce que Des Cartes l'a traicté

a. En marge se trouvent deux autres numéros, 5o6"et 472, qui ne cor- respondent, dans la i" édition des Méditations, à rien de ce dont il est ici question. Ce sont deux pages du livre de Thomas White.

�� �