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CCCXXVIII. — Novembre 1643.

queftions particulières. Car il me femble que le furplus, qui consiste à chercher la construction & la démonstration par les proportions d'Euclide, en cachant le procédé de l'Algèbre, n'est qu'vn amufement pour les petits Géomètres, qui ne requiert pas beaucoup d'efprit ny de science. Mais lors qu'on a quelque question qu'on veut achever, pour en faire vn Théorème qui serve de règle générale pour en foudre plufieurs autres semblables, il eft befoin de retenir jusques à la fin toutes les mefmes lettres qu'on a pofées au commencement ; ou bien, fi on en change quelques- vnes pour faciliter le calcul, il les faut remettre par après, eftant à la fin, à caufe qu'ordinairement plusieurs s'effacent l'vne contre l'autre, ce qui ne fe peut voir, lors qu'on les a changées. Il eft bon auffi alors d'obferuer que les quantités, qu'on dénomme par les lettres, ayant femblable rapport les vnes aux autres, le plus qu'il eft possible; cela rend le Théorème plus beau & plus court, pour ce que ce qui s'énonce de l'vne de ces quantités, s'énonce en mefme façon des autres, & empefche qu'on ne puifle faillir au calcul, pour ce que les lettres qui signifient des quantité qui ont mefme rapport, s'y doiuent trouuer diftribuées en mefme façon; & quand cela manque, on reconnaît fon erreur.

Ainfi, pour trouuer vn Théorème qui enfeigne quel eft le rayon du cercle, qui touche les trois donnez par position, il ne faudroitpas, en cet exemple, poser les trois lettres a, b, c, pour les lignes AD, DC, DB,

mais pour les lignes AB, AC & BC, pour ce que ces dernières ont mefme rapport l'vne que l'autre aux