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Ta noble voix, du fond de ses antres lointains,
Appela le sauvage à de meilleurs destins ;
Sous le toit des mortels, dans leur premier ménage,
Tu pénétras, timide ; et plus fort, d’âge en âge,
Soumis au frein des mœurs leurs rebelles penchans.
C’est toi qui présidas aux limites des champs,
Toi, qui créas enfin cette autre idolâtrie,
Le plus saint des amours, l’amour de la patrie !
À son nom, mille bras, d’un mutuel secours,
S’animent ; au milieu de cet heureux concours,
Sur tous les points rivaux les forces dispersées,
Tendent au bien commun, librement exercées ;
Chacun, heureux et fier du poste qu’il a pris,
Des grands, au cœur oisif, brave les vains mépris.
Le plus noble ornement du citoyen qui pense,
C’est le travail ; son œuvre en est la récompense.
Si les rois de splendeur marchent environnés,
De nos créations nous brillons couronnés ;
Ils sont, par le hasard ; et nous par le génie.
Paix gracieuse, douce et divine harmonie,
Que nos bras fraternels enchaînent vos attraits !
Qu’il ne se lève plus le jour où j’entendrais