Page:Deschamps - Œuvres complètes, tome 6.djvu/10

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tard avec plusieurs érudits de profession, il avait surtout rapporté une défiance de lui-même poussée jusqu’à l’excès, et une modestie qui n’avait rien d’affecté et qui donnait un charme particulier à ses entretiens comme à ses écrits. Cette modestie se montre déjà dans la préface du Livre des Cent Ballades ; l’auteur, ayant plus travaillé, l’accentua plus encore par la suite ; c’est surtout comme éditeur de Deschamps qu’il éprouvait le besoin de la manifester. Plus il avançait dans la tâche immense qu’il s’était assignée, plus il en apercevait et apprenait à en surmonter toutes les difficultés, et plus il se méfiait de ses forces : « Je ne suis, disait-il dans la préface du tome III, qu’un simple amateur auquel manque l’éducation première qui ne s’acquiert qu’avec tant de peines. » À ce sixième tome, qu’il laisse d’ailleurs à peu près entièrement terminé, il voulait donner une préface où il aurait encore insisté sur ce qui, d’après lui, manquait à sa préparation scientifique. Il cherchait du moins, à force de bonne volonté et d’intelligence, à compenser cette lacune originaire ; aussi chacun de ses volumes marquait-il, — personne ne peut le constater mieux que moi, — un progrès sur le précédent. Au début il avait cru la besogne plus facile qu’elle ne l’est : reproduire un bon manuscrit, unique, et dont on possède une copie complète du siècle dernier, — en corriger cà et là les fautes, — donner en notes, pour rendre la lecture facile (il songeait toujours aux gens du monde), l’interprétation des mots