Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
DE L’ÎLE DE PHILÆ.

douter qu’elle n’ait eu un motif de solidité, puisque les murs ainsi construits opposent la résistance d’une voûte à la poussée horizontale des terres ; mais cela suppose que les extrémités de l’arc étaient des points d’appui qui pouvaient eux-mêmes résister à la poussée de la voûte ; et probablement ces extrémités étaient fondées sur le roc, et construites avec un soin particulier. Il eût été curieux, sans doute, d’acquérir des notions certaines sur ces constructions hydrauliques des anciens Égyptiens, espèces de constructions qui offrent encore en Europe de grandes difficultés, malgré l’avancement de nos connaissances ; mais il aurait fallu pouvoir faire des fouilles profondes et d’autres travaux que les circonstances ne permettaient pas d’entreprendre. Quoi qu’il en soit, les murs courbes dont il est ici question ne se trouvent qu’à Philæ et à Éléphantine ; et je ne sache pas qu’on en ait vu de semblables, soit chez les Grecs, soit chez les Romains.

Tout le nord de l’île a été autrefois occupé par des constructions dont il n’est resté que des pierres et des décombres. Cependant, comme il est formé de terre d’alluvion, on y voit quelque végétation : autour de deux ou trois cabanes sont des dattiers, et, sur le bord du fleuve, des espèces de jardins entourés de quelques pierres amoncelées qui en forment l’enceinte. Mais la seule partie qui soit entièrement consacrée à la culture, c’est le terrain qui s’est formé au pied du quai, et qui, chaque année, est couvert par l’inondation : ce petit coin de terre est soigneusement ensemencé de dourah, de haricots ; c’est là le jardin de l’île.