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parablement plus parfaite qu’aucune autre espèce d’animaux.

Non-seulement depuis bien long-temps on parle, mais encore depuis bien long-temps aussi on a parlé quelquefois avec une perfection admirable. Cependant l’origine et les propriétés des signes de nos pensées ne sont que très-nouvellement et très-imparfaitement connues. Cela prouve bien qu’un art peut être porté à un très-haut degré, quoique sa théorie soit encore ignorée. C’est dans tous les genres que l’homme est obligé d’agir provisoirement avant de connaître toutes les causes et tous les moyens, et qu’il agit souvent très-bien avant de démêler complètement pourquoi.

C’est ce qui fait que dès long-temps il a maintes fois raisonné parfaitement, quoique l’Idéologie soit encore une science nouvelle et naissante. Il ne s’ensuit pas qu’elle soit inutile ; elle peut conduire à faire sûrement et toujours ce qu’on n’a fait que par hasard et rarement.

Les signes de nos idées sont de diverses espèces ; nous en avons qui s’adressent à la vue et au tact ; nous pourrions en avoir qui affectassent l’odorat et le goût. Mais les plus généralement usités, parce qu’ils sont les plus commodes et les plus susceptibles de perfection, sont ceux qui partent de l’organe vocal et s’adressent à l’organe de l’ouïe.

Tout système de signes peignant directement les idées, est une vraie langue ou langage.

Les écritures hiéroglyphiques, symboliques, arithmétiques, algébriques, sont de vraies langues ; elles représentent immédiatement les idées.