Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/99

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trésor en lieu sûr et de filer ensuite hors de vue.

— De quel trésor veux-tu parler ?… De celui qui est en jupes ou de celui qui est en fûts ?

Thomas, toujours pince-sans-rire, faisait allusion au chargement de la goélette et à sa pauvre sœur prisonnière.

— Tu sais bien, répliqua aigrement Gaspard, que je me soucie comme d’une sardine de notre cargaison de contrebande, comparée à Suzanne.

— Voilà qui est du dernier galant… Merci pour ma sœur ! déclama le capitaine, d’un ton moitié figue, moitié raisin.

Puis, reprenant sa voix ordinaire :

— Mais il ne s’agit pas de ces fariboles sucrées pour le quart d’heure… Nous verra-t-on passer, ce tantôt ?… Hum ! je ne réponds de rien : il fera grand jour quand nous aurons la baie par notre travers de bâbord… Mais il y aura tout de même joliment des milles entre Kécarpoui et notre « Marsouin »… Au petit bonheur, futur beau-frère, et tirons une bonne bordée vers le large : c’est ce qu’il y a de mieux à faire pour le quart-d’heure.

Gaspard acquiesça d’un mouvement d’épaules, et, changeant de propos :

— Tu as donné aux gens du canot le prix convenu ?

— Oui : un baril d’eau-de-vie.

Et il ajouta, après un coup d’œil jeté du côté de terre :

— Pourvu que nos gaillards ne s’avisent pas de le mettre en perce avant d’avoir regagné la côte, s’ils ne voient rien de suspect là-bas…

— Quelles instructions leur as-tu données ?

— D’atteindre la côte, sans retard, et de se cacher, eux et leur canot, dans la première anse venue, du moins tant que le « Vengeur » sera dans leurs parages.

— Très bien. Une fois installés dans quelque trou des falaises, qu’ils se soûlent tout à leur aise : ils seront moins enclins à battre les grèves.