Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/240

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d’une vaste chambre ; une magnifique chambre vraiment, avec ses solives de vieux chêne, comme le reste, et ses petits carreaux à facettes, et la belle balustrade de l’escalier qui montait jusque-là.

Je ne puis me rappeler où et quand j’avais vu, dans mon enfance, des vitraux peints dans une église. Je ne me rappelle pas les sujets qu’ils représentaient. Je sais seulement que lorsque je la vis arriver au haut du vieil escalier et se retourner pour nous attendre sous ce jour voilé, je pensai aux vitraux que j’avais vus jadis, et que leur éclat doux et pur s’associa depuis, dans mon esprit, avec le souvenir d’Agnès Wickfield.

Ma tante était aussi enchantée que moi des arrangements qu’elle venait de prendre, et nous redescendîmes ensemble dans le salon, très-heureux et très-reconnaissants. Elle ne voulut pas entendre parler de rester à dîner, de peur de ne pas arriver avant la nuit chez elle avec le fameux cheval gris, et je crois que M. Wickfleld la connaissait trop bien pour essayer de la dissuader ; on lui servit donc des rafraîchissements, Agnès retourna près de sa gouvernante, et M. Wickfield dans son cabinet. On nous laissa seuls pour nous dire adieu sans contrainte.

Elle me dit que tout ce qui me regardait serait arrangé par M. Wickfield et que je ne manquerais de rien, puis elle ajouta les meilleurs conseils et les paroles les plus affectueuses.

« Trot, me dit ma tante, en terminant son discours, faites honneur à vous-même, à moi et à M. Dick, et que Dieu soit avec vous ! » »

J’étais très-ému, et tout ce que je pus faire, ce fut de la remercier, en la chargeant de toutes mes tendresses pour M. Dick.

« Ne faites jamais de bassesse, ne mentez jamais, ne soyez pas cruel. Évitez ces trois vices, Trot, et j’aurai toujours bon espoir pour vous. »

Je promis, du mieux que je pus, que je n’abuserais pas de sa bonté et que je n’oublierais pas ses recommandations.

« Le cheval est à la porte, dit ma tante, je pars. Restez là. »

À ces mots, elle m’embrassa précipitamment et sortit de la chambre en fermant la porte derrière elle. Je fus un peu surpris d’abord de ce brusque départ, et je craignais de lui avoir déplu mais, en regardant par la fenêtre, je la vis monter en voiture d’un air abattu et s’éloigner sans lever les yeux ; je