Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/133

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ne fournissaient pas le moindre indice qu’il eût voulu jamais en faire un ; on ne trouva ni le moindre projet, ni le moindre mémorandum qui annonçât qu’il en eût jamais en l’intention. Ce qui m’étonna presque autant, .c’est que ses affaires étaient dans le plus grand désordre. On se pouvait se rendre compte ni de ce qu’il devait, ni de ce qu’il avait payé, ni de ce qu’il possédait. Il était très-probable que, depuis des années, il ne s’en faisait pas lui-même la moindre idée. Peu à peu on découvrit que, poussé par le désir de briller parmi les procureurs des Doctors’-Commons, il avait dépensé plus que le revenu de son étude qui ne s’élevait pas bien haut, et qu’il avait fait une brèche importante à ses ressources personnelles qui probablement n’avaient jamais été bien considérables. Ou fit une vente de tout le mobilier de Norwood : on sous-loua la maison, et Tiffey me dit, sans savoir tout l’intérêt que je prenais la chose, qu’une fois les dettes du défunt payées, et déduction faite de la part de ses associés dans l’étude, il ne donnerait pas de tout le reste mille livres sterling. Je n’appris tout cela qu’au bout de six semaines. J’avais été à la torture pendant tout ce temps-là, et j’étais sur le point de mettre un terme à mes jours, chaque fois que miss Mills m’apprenait que ma pauvre petite Dora ne répondait, lorsqu’on parlait de moi, qu’en s’écriant : « Oh, mon pauvre papa ! Oh, mon cher papa ! » Elle me dit aussi que Dora n’avait d’autres parents que deux tantes, sœurs de M. Spenlow, qui n’étaient pas mariées, et qui vivaient à Putney. Depuis longues années elles n’avaient que de rares communications avec leur frère. Ils n’avaient pourtant jamais eu rien ensemble ; mais M. Spenlow les ayant invitées seulement à prendre le thé, le jour du baptême de Dora, au lieu de les inviter au dîner, comme elles avaient la prétention d’en être, elles lui avaient répondu par écrit, que, dans l’intérêt des deux parties, elles croyaient devoir rester chez elles. » Depuis ce jour leur frère et elles avaient vécu chacun de leur côté.

Ces deux dames sortirent pourtant de leur retraite, pour venir proposer à Dora d’aller demeurer avec elles à Putney. Dora se suspendit à leur cou, en pleurant et en souriant. « Oh oui, mes bonnes tantes ; je vous en prie, emmenez-moi à Putney ; avec Julia Mills et Jip ! » Elles s’en retournèrent donc ensemble, peu de temps après l’enterrement.

Je ne sais comment je trouvai le temps d’aller rôder du côté de Putney mais le fait est que, d’une manière ou de l’autre,