Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/69

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heures, la lettre suivante, datée de la veille à neuf heures et demie, quinze minutes après que je les avais quittés :

mon cher jeune ami,

« Le dé en est jeté, plus d’espoir ; dissimulant les ravages de l’inquiétude sous le masque de la gaîté, je ne vous ai pas révélé, ce soir, que les fonds attendus de Londres ne sont pas arrivés et n’arriveront pas ! Dans cette situation, humiliante à endurer, humiliante à contempler, humiliante à raconter, j’ai soldé mes frais d’auberge par une lettre de change à quatorze jours de date, payable à mon domicile de Pentonville, Londres. — Quand on la présentera à l’échéance, je ne lui ferai pas honneur ; ma ruine sera le résultat : la foudre menace l’arbre et l’arbre doit tomber.

» Que l’infortuné qui vous écrit, mon cher Copperfield, soit pour vous un phare dans la vie ; il vous écrit avec cette intention et cette espérance ; s’il pouvait se croire ainsi utile à son jeune ami, un rayon de lumière pourrait encore pénétrer dans le sombre cachot où se terminera son existence, — quoique à présent, pour ne rien dire de trop, sa longévité soit extrêmement problématique.