Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/22

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ment, les tristes pressentiments dont il se sentait accablé ne le trompaient pas. Son père était en proie à de cruels embarras d’argent ; il s’en aperçut quand il arriva à Londres. La signature d’un acte qui n’était autre qu’un engagement avec des créanciers, bien que le pauvre enfant le prît pour un parchemin diabolique, revenait sans cesse dans la conversation autour de lui. Le résultat de cette signature fut une réforme radicale dans la manière de vivre des Dickens. Ils durent habiter un logement sordide des faubourgs de Londres. Là, point de camarades pour Charles, aucun plaisir. Le petit garçon ne s’expliquait ni son isolement ni les privations qu’il lui fallut supporter ; mais, se rendant pleinement compte de tout ce qu’il avait perdu en quittant Chatham, il ne désirait qu’une chose : être envoyé n’importe à quelle école pour apprendre n’importe quoi. Sans le savoir, fait observer l’ami dévoué auquel nous empruntons ces détails, M. John Forster, il était à l’école dans ce galetas ; l’école de l’adversité en vaut une autre, et son caractère s’y formait pour l’avenir en même temps que son talent. — C’est au sentiment profond qu’il acquit de l’horreur de la pauvreté dans le bas quartier d’une grande ville, que Charles dut la popularité de ses premières œuvres, où tout ce qu’il souffrit est peint avec un naturel si poignant. Charles Dickens aimait tendrement son père et