Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/268

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— Très-bien, monsieur, » répondit Sam. Mais en guise d’indemnité il se mit à contourner ses traits, derrière la brouette, pour l’amusement exclusif du jeune Bas de cuir. L’innocent jeune homme laissa éclater un bruyant ricanement, et fut sommairement calotté par le grand garde-chasse, qui avait besoin d’un prétexte pour se détourner et cacher sa propre envie de rire.

Peu de temps après M. Wardle dit à M. Tupman : « Bravo ! camarade. Vous avez au moins tiré à temps cette fois-là.

— Oui, répliqua M. Tupman avec un sentiment d’orgueil, j’ai lâché mon coup.

— À merveille ! vous abattrez quelque chose la première fois, si vous regardez bien. C’est très-aisé, n’est-ce pas ?

— Oui, c’est très-aisé. Mais malgré cela, comme ça vous abîme l’épaule ! J’ai presque cru que j’en tomberais à la renverse. Je n’imaginais pas que des petites armes à feu comme cela repoussaient tant.

— Oh ! dit le vieux gentleman en souriant, vous vous y habituerez avec le temps. Maintenant, sommes-nous prêts ? Tout va-t-il bien là-bas, dans la brouette ?

— Tout va bien, monsieur, répliqua Sam.

— En route donc.

— Tenez ferme, monsieur, dit Sam en levant la brouette.

— Oui, oui, repartit M. Pickwick ; » et ils cheminèrent aussi vite que besoin était.

« Maintenant, dit M. Wardle, après que la brouette eût été passée par-dessus une barrière, et lorsque M. Pickwick y fut déposé de nouveau. Maintenant, tenez cette brouette en arrière.

— Bien, monsieur, répondit Sam en s’arrêtant.

— À présent, Winkle, continua le vieux gentleman, suivez-moi doucement et ne soyez pas en retard, cette fois-ci.

— N’ayez pas peur, dit M. Winkle. Arrêtent-ils ?

— Non ! non ! pas encore. Du silence, maintenant, du silence ! »

Et en effet ils s’avançaient silencieusement, lorsque M. Winkle, voulant exécuter une évolution fort délicate avec son fusil, le fit partir par accident, au moment critique, et envoya sa charge juste au-dessus de la tête du petit garçon, et à l’endroit précis où aurait été la cervelle du grand homme s’il s’était trouvé là au lieu de son jeune substitut.

« Au nom du ciel, pourquoi avez-vous fait feu ? demanda