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annoncer qu’il y avait une chambre prête pour son père désolé ; et M. Kenwigs, après avoir presque étouffé ses quatre filles dans ses embrassements énergiques, accepta le bras du docteur d’un côté, le secours de Nicolas qui le soutenait de l’autre, et se laissa conduire un étage plus haut dans une chambre à coucher préparée pour la circonstance.

Ce ne fut qu’après l’avoir vu bien endormi, et l’avoir entendu ronfler de la manière la plus satisfaisante, après avoir ensuite présidé à la distribution des joujoux entre toutes les petites Kenwigs, à la joie de leur cœur, que Nicolas se retira. Les matrones s’écoulèrent aussi l’une après l’autre, à l’exception de six ou huit amies intimes, bien décidées à passer la nuit ; les lumières disparurent graduellement dans les maisons du voisinage. On publia un dernier bulletin qui apprit au public que Mme Kenwigs était aussi bien qu’elle pouvait être, et enfin on laissa toute la famille se livrer au repos.



CHAPITRE V.

Progrès de Nicolas dans les bonnes grâces des frères Cheeryble et de M. Timothée Linkinwater. Les frères donnent un banquet à l’occasion d’un grand anniversaire. Nicolas, en rentrant chez lui après la fête, reçoit des lèvres de Mme Nickleby une importante et mystérieuse confidence.

Sans doute le square où était situé le comptoir des frères Cheeryble ne répondait pas entièrement aux espérances extravagantes qu’un étranger aurait pu en concevoir d’après les dithyrambes et les panégyriques de Tim Linkinwater ; mais ce n’en était pas moins, pour être au cœur du centre des affaires, dans une ville comme Londres, un petit coin qui valait son prix. Il y avait dans le voisinage plus d’un grave personnage qui lui gardait une place honorable dans ses souvenirs reconnaissants, quoiqu’il n’y eût personne qui eût le droit de faire remonter plus haut cette reconnaissance, et qui portât plus ce square favori dans son cœur que l’enthousiaste Timothée.

Et qu’on n’aille pas croire, parce qu’on est accoutumé à voir sous ses yeux tous les jours la gravité aristocratique de Grosvenor-Square, les airs de douairière