Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut-être pour cela que personne ne vient me répondre à cette porte. »

Il est certain que personne ne venait, et que Tom restait immobile à regarder le marteau, se demandant pourtant s’il n’entendait pas dans le voisinage un gentleman crier à quelqu’un de toutes ses forces : « Entrez ! »

« Dieu me bénisse ! c’est peut-être lui qui demeure ici et qui me répond. Je n’y avais pas songé. Il faut peut-être pousser la porte. Ma foi ! oui ; la voilà ouverte. »

Et, en effet, il n’y avait qu’à la pousser en tournant le bouton ; et lorsqu’il l’eut tourné, la même voix se fit entendre, criant de nouveau avec véhémence : « Pourquoi n’entrez-vous pas ? Entrez donc, si vous n’êtes pas sourd ! Pourquoi restez-vous là ? »

Tom s’avança dans le petit couloir jusqu’à la pièce d’où partait la voix, et à peine avait-il pu entrevoir un gentleman en robe de chambre et en pantoufles (avec ses bottes près de lui toutes prêtes à chausser), en train de déjeuner, un journal à la main, quand ce même gentleman, au risque de renverser sa table à thé, ne fit qu’un bond vers Tom et le saisit à grands bras.

« Eh quoi ! Tom, mon camarade ! s’écria le gentleman. Tom !

– Que je suis content de vous voir, monsieur Westlock ! dit Tom Pinch, lui pressant les deux mains et tremblant plus que jamais. Comme vous êtes bon !

– Monsieur Westlock ! répéta John ; qu’est-ce que cela signifie, Pinch ? Vous n’avez point oublié, je suppose, mon nom de baptême ?

– Non, John, non, dit Pinch ; je ne l’ai pas oublié. Mon Dieu ! comme vous êtes bon !

– Jamais de ma vie je n’ai vu un garçon comme vous ! s’écria John. Qu’est-ce que vous avez besoin de tant parler de ma bonté ? Vous vous attendiez donc à me trouver bien méchant ? Allons, asseyez-vous, Tom, et soyez raisonnable. Comment ça va-t-il, mon cher ? Je suis enchanté de vous voir !

– C’est moi, c’est moi, dit Tom, qui suis enchanté de vous voir.

– Eh bien ! c’est réciproque, dit John. Est-ce que ça n’a pas toujours été de même ? Si j’avais prévu votre arrivée, Tom, je me serais procuré quelque chose pour le déjeuner. Ce n’est pas que, pour moi, je ne préfère une semblable surprise au meilleur déjeuner du monde ; mais, pour vous, le cas est différent, et je ne doute pas que vous n’ayez un appétit