Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/190

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« Où voulez-vous que nous allions en chercher ? ajouta-t-il. Quelle est votre idée ? »

La sœur de Tom n’en savait pas là-dessus beaucoup plus long que lui. Elle glissa sa modeste bourse dans la poche de l’habit de Tom, et, croisant la petite main qui venait d’agir ainsi sur l’autre petite main qu’elle avait passée au bras de son frère, elle ne dit mot.

« Il faut, reprit Tom, que ce soit dans un quartier à bon marché, qui ne soit pas trop loin de Londres. Attendez. Croyez-vous qu’Islington soit un bon endroit ?

— Je croirais assez que c’est un quartier excellent, Tom.

— Autrefois il était d’usage de l’appeler le joyeux Islington. Peut-être est-il joyeux encore ; et alors, tant mieux, n’est-ce pas ?

— Oui, si ce n’est pas trop cher, dit la sœur.

— Naturellement, si ce n’est pas trop cher. Eh bien ! de quel côté est Islington ? Nous n’avons rien de mieux à faire que d’y aller. Allons-y ! »

La sœur de Tom fût allée avec lui au bout du monde. Ils se mirent donc en route du mieux possible, bras dessus bras dessous. Mais ayant découvert qu’Islington n’était pas positivement dans le voisinage, Tom se mit en quête de quelque voiture publique qui y conduisît, et il ne tarda point à trouver son affaire. Tandis que le frère et la sœur roulaient sur le chemin d’Islington, ils ne laissèrent pas de tarir la conversation : Tom raconta ses aventures, et la sœur de Tom raconta également tout ce qui lui était arrivé, et tous deux trouvaient beaucoup plus de choses à se dire que de temps pour les dire ; car à peine avaient-ils commencé à causer, en comparaison de tout ce qu’ils avaient à se confier l’un à l’autre, lorsqu’ils atteignirent le but de leur course.

« À présent, dit Tom, il nous faut voir d’abord les rues les plus modestes, puis regarder les écriteaux aux fenêtres. »

Ils se mirent donc à cheminer, aussi gais, aussi contents que s’ils venaient de sortir d’une jolie petite maison à eux appartenant, et qu’ils allassent visiter des logements pour quelque connaissance. Tom n’avait rien perdu de sa simplicité, Dieu merci ! mais maintenant qu’il y avait là quelqu’un qui comptait sur lui, il était encouragé à compter un peu plus sur lui-même ; et il se croyait un gaillard déterminé.

Après avoir erré çà et là durant plusieurs heures, et visité quelque vingtaine de logements, ils commencèrent à trouver