Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/195

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veux dire qui est presque du même âge que moi, ne me conviendrait pas du tout. Pas du tout ! répéta Cherry avec un éclat de dépit.

– Je pensais qu’en disant : Pour le moment…

– En vérité, sur ma parole, monsieur Pinch, dit Charity en rougissant, je ne supposais pas que vous me presseriez autant sur ce sujet ; sinon, je n’eusse pas été assez imprudente pour y faire allusion, car réellement… Mais est-ce que vous ne voulez pas entrer ? »

Tom, pour s’excuser, exposa qu’il avait rendez-vous à Furnival’s-Inn, et qu’en venant d’Islington il avait fait quelques zigzags de trop et s’était ainsi trouvé au Monument en s’égarant de plus en plus. Miss Pecksniff sourit en dessous quand il lui demanda si elle connaissait le chemin pour aller à Furnival’s-Inn, et enfin elle trouva le courage de lui répondre :

« Un gentleman de mes amis, pas précisément de mes amis, mais de mes connaissances… Oh ! sur ma parole, je sais à peine ce que je dis, monsieur Pinch… N’allez pas supposer qu’il y ait le moindre engagement entre nous ; ou bien, s’il y en a un, que ce soit une chose définitive… Ce gentleman, dis-je, doit se rendre immédiatement dans le voisinage de Furnival’s-Inn pour une petite affaire, je crois, et je suis certaine qu’il serait enchanté de vous accompagner pour vous empêcher de vous perdre encore. Veuillez donc entrer à la maison. Vous y trouverez très-probablement ma sœur Merry, ajouta-t-elle avec un étrange mouvement de tête et avec un sourire qui n’avait pas du tout l’air agréable.

– Alors je pense, dit Tom, que je tâcherai de découvrir mon chemin tout seul, car je crains que votre sœur ne soit pas très-satisfaite de me revoir. Cette malheureuse circonstance, à propos de laquelle vous et moi nous avons échangé en particulier quelques paroles amicales, n’a pas dû lui inspirer à mon égard des sentiments bien tendres. Et cependant il n’y avait réellement pas de ma faute.

– Jamais elle n’en a entendu parler, vous pouvez en être sûr, dit Cherry en relevant les coins de sa bouche et adressant un signe de tête à Tom. Et d’ailleurs, je ne suis pas sûre du tout qu’elle vous en voulût beaucoup pour cela si elle l’avait appris.

– Vous ne le lui avez pas dit ! s’écria Tom, réellement ému par cette insinuation.

– Je ne lui ai rien révélé, répondit Charity. Si je n’avais su