Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/223

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— Et vous avez crié, très-fort : « Entrez ! » lui suggéra Tom.

– Précisément. Et comme l’individu qui avait frappé, n’était pas « un jeune homme recommandable, âgé de trente-cinq ans, venant de la province », il entra aussitôt qu’on l’en eut prié, Tom, au lieu de rester sur le palier, la bouche et les yeux grands ouverts. Bon ! quand il entra, je vis que c’était un étranger ; un étranger à l’aspect grave, sérieux, calme. « M. Westlock ? dit-il. – C’est moi, répondis-je. – Pouvez-vous m’accorder un moment d’entretien ? – Prenez la peine de vous asseoir, monsieur. »

Ici John s’arrêta un instant pour jeter un regard vers la table, où la sœur de Tom, tout en écoutant attentivement, s’occupait toujours après le moule, qui commençait à présenter une magnifique apparence. Puis il reprit :

« Le pouding ayant pris un chaise, Tom…

– Quoi ? s’écria Tom.

– Ayant pris une chaise…

– Vous avez dit un pouding.

– Non, non, répliqua John, et il rougit légèrement ; une chaise. Quelle idée ! un étranger qui viendrait chez moi à huit heures et demie du matin pour prendre un pouding ! Ayant pris une chaise, Tom, une chaise ; il me surprit beaucoup en ce qu’il commença la conversation par ces mots : « Je crois que vous connaissez M. Thomas Pinch, monsieur ? »

– Non ! s’écria Tom, pas possible !

– Ce sont ses propres paroles, je vous jure. Je lui répondis que je connaissais l’homme. « Savez-vous où il demeure en ce moment ? – Oui. – À Londres ? – Oui. – J’ai entendu dire, par hasard, en passant, qu’il a quitté la place qu’il occupait chez M. Pecksniff. Est-ce vrai ? – Oui, c’est vrai. – En cherche-t-il une autre ? – Oui. »

– Très-certainement, dit Tom avec un signe de tête affirmatif.

– C’est justement ce que j’ai tâché de lui bien faire comprendre. Vous pouvez être assuré que je ne lui ai laissé aucun doute à ce sujet. Très-bien. « Alors, dit-il, je crois que j’ai son affaire. »

La sœur de Tom s’arrêta tout court.

« Que Dieu me bénisse ! s’écria Tom. Ma chère Ruth, « je crois que j’ai son affaire ! »

– Naturellement, poursuivit John Westlock, en regardant du côté de la sœur de Tom, dont l’intérêt n’était pas moins