Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/228

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éprouver le moindre embarras, il demanda si M. Westlock avait fait connaître sa proposition à M. Pinch.

John répondit affirmativement.

« Et vous trouvez que cela vaut la peine d’être accepté ? demanda M. Fips à Tom.

– Je trouve que c’est tout à fait une bonne fortune, dit Tom. Je vous suis très-reconnaissant, monsieur, de cette offre.

– Pas à moi, dit M. Fips ; je n’agis que d’après les ordres que j’ai reçus.

– À votre ami alors, monsieur, dit Tom, à la personne qui me prend à son service, et dont j’essayerai de mériter la confiance. Quand ce gentleman me connaîtra davantage, j’espère, monsieur, qu’il ne perdra pas la bonne opinion qu’il a de moi. Il me trouvera exact, vigilant et empressé à faire mon devoir ; je puis vous en répondre, ainsi que M. Westlock, ajouta-t-il en regardant du côté de John.

– Assurément, » dit John.

M. Fips semblait avoir quelque peine à reprendre la conversation. Pour se donner un maintien il prit son cachet et se mit à imprimer des F sur toute la superficie de ses jambes.

« Je dois vous dire, fit-il observer, que mon ami n’est pas en ville pour le moment. »

La figure de Tom s’attrista ; il crut que c’était une manière de lui dire que son physique ne convenait pas, et que Fips songeait à se procurer un autre candidat.

« Quand reviendra-t-il, pensez-vous ? demanda Tom.

– Je ne saurais vous le dire ; je n’en sais rien du tout. Mais, dit Fips, et avec le cachet il fit une profonde impression sur le mollet de sa jambe gauche, en regardant fixement Tom, je ne pense pas que cela soit bien important. »

La pauvre Tom inclina la tête avec déférence, mais avec un air de doute.

« Je dis, répéta M. Fips, que je ne pense pas que ce soit bien important. C’est entre vous et moi que l’affaire doit se décider. Quant à vos occupations, je puis vous mettre au courant ; et pour ce qui est de vos honoraires, je puis vous les payer chaque semaine (et M. Fips posa le cachet et regarda alternativement John Westlock et Tom Pinch), chaque semaine, dans ce bureau, entre quatre et cinq heures de l’après-midi. »

En disant ces mots, M. Fips contracta sa bouche comme s’il allait siffler. Cependant il ne siffla pas.