Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/231

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mais la solitude semblait avoir enlevé à ces meubles toute apparence de commodité, pour leur donner un aspect triste et lugubre.

Des boîtes, des paniers, des objets de toute nature, étaient dispersés sans ordre. Sur le plancher de toutes les chambres se trouvaient des piles de livres, au nombre de quelques milliers de volumes ; les uns en ballots, d’autres enveloppés de papier, comme au jour où on les avait achetés ; d’autres encore éparpillés isolément ou bien entassés pêle-mêle : il n’y en avait pas un seul sur les rayons qui garnissaient les murs. M. Fips attira l’attention de Tom de ce côté.

« Avant de pouvoir s’occuper d’autre chose, il faudrait mettre ces livres en ordre, les collationner et les ranger sur les rayons, monsieur Pinch ; cela suffira pour commencer, je pense, monsieur. »

Tom se frotta les mains, dans l’agréable perspective d’une tâche si conforme à ses goûts.

« Ce sera un travail plein d’intérêt pour moi, je vous assure, dit-il. Cela m’occupera jusqu’au retour de M…

– Jusqu’au retour de M… ? répéta Fips, et il avait l’air de demander à Tom pourquoi il s’arrêtait.

– J’oubliais que vous ne m’aviez pas dit le nom de ce gentleman, dit Tom.

– Ah ! s’écria M. Fips en retirant son gant, ne vous l’ai-je pas dit ? Non, au fait, je ne crois pas. Je pense qu’il sera bientôt de retour. Vous vous entendrez parfaitement ensemble, j’en suis sûr. Allons ! bonne chance. Vous n’oublierez pas de fermer la porte, n’est-ce pas ? elle se ferme toute seule, en la tirant bien fort. À neuf heures et demie, vous savez, c’est-à-dire de neuf heures et demie à quatre heures ou quatre heures et demie, environ ; un peu plus tôt, un peu plus tard, selon que vous serez disposé, et que vous aurez plus ou moins à faire. M. Fips, Austin Friars ; vous vous rappellerez cette adresse, n’est-ce pas ? et vous n’oublierez pas de fermer la porte, s’il vous plaît. »

Tout ceci fut dit avec tant d’aisance et de naturel, que Tom ne pouvait que se frotter les mains, s’incliner et sourire en signe d’assentiment ; ce qu’il faisait encore, lorsque M. Fips sortit tout tranquillement.

« Mais c’est qu’il est parti ! s’écria Tom.

– Et bien mieux, Tom, c’est qu’il ne reviendra évidemment pas, dit John Westlock en s’asseyant sur une pile de