Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/286

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prodigue de retour ! … Nous n’avons pas besoin de bière, mon ami.

– Merci monsieur, dit Mark, vous en auriez besoin que je ne pourrais vous en servir. C’est une lettre, monsieur, on attend la réponse.

– Une lettre pour moi ? s’écria M. Pecksniff. Et on attend la réponse ?

– Non, ce n’est pas pour vous, je crois, monsieur, dit Mark en montrant l’adresse. Chuzzlewit ; je crois que c’est ce nom-là, monsieur.

– Ah ! répliqua M. Pecksniff. Merci. Oui. De qui vient cette lettre, mon brave jeune homme ?

– Le monsieur qui l’envoie a écrit son nom dedans, monsieur, répondit M. Tapley avec une excessive politesse. Je l’ai vu qui signait à la fin, pendant que j’attendais pour la porter.

– Et il a demandé une réponse, n’est-ce pas ? » dit M. Pecksniff du ton le plus persuasif.

Mark répondit affirmativement.

« On lui fera une réponse, bien certainement, dit M. Pecksniff ; et il déchira la lettre en tout petits morceaux, avec autant de douceur que si c’eût été la plus flatteuse attention qu’un correspondant pût recevoir. Ayez la bonté de lui remettre cela avec mes compliments, s’il vous plaît. Bonjour ! »

Sur ce, il tendit à Mark les fragments de la lettre, se retira et ferma la porte.

Mark jugea prudent d’étouffer ses émotions personnelles et de s’en revenir à l’auberge du Dragon. Martin et lui s’attendaient bien un peu à cette réception, et ils laissèrent passer une heure avant de faire aucune autre tentative. Quand cet intervalle de temps se fut écoulé, ils retournèrent ensemble chez M. Pecksniff. Ce fut Martin qui frappa cette fois, tandis que M. Tapley se préparait à tenir la porte ouverte avec son pied et son épaule, quand on viendrait ouvrir, afin de forcer l’ennemi à un pourparler. Mais c’était une précaution inutile, car ce fut la servante qui parut presque immédiatement. Martin, suivi de près par son fidèle allié, passa rapidement devant elle, ainsi qu’il y était décidé d’avance, ouvrit la porte du salon, où il savait qu’il y avait probablement du monde ; entra dans la chambre, et, sans avoir été annoncé, se trouva en présence de son grand-père.

M. Pecksniff y était aussi, ainsi que Mary. Dans le rapide instant de leur reconnaissance mutuelle, Martin vit le vieil-