Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

position, si, par hasard, il était revenu pendant que nous y étions ; je tenais la porte toute prête. Si M. Pecksniff était venu montrer le bout de son nez pour écouter ce qui se disait, je vous l’aurais serré entre deux portes comme avec un casse-noisette. Un homme comme ça, ajouta M. Tapley d’un ton rêveur, ça deviendrait plat comme une punaise, si on le pressait un peu fort, j’en suis sûr. »

En ce moment, un individu qui allait évidemment chez M. Pecksniff passa près d’eux. Il leva les yeux en entendant le nom de l’architecte ; puis, après avoir fait quelques pas, il s’arrêta pour les regarder. M. Tapley tourna aussi la tête pour le voir, et Martin en fit autant ; car l’étranger en passant leur avait lancé un singulier regard.

« Quel est donc cet individu ? dit Martin. J’ai vu cette figure-là quelque part, et cependant je ne le reconnais pas.

– Il a pourtant l’air bien empressé de se faire reconnaître, dit M. Tapley, car il nous regarde comme des bêtes curieuses : il a tort d’être si prodigue de ses charmes, car il n’en a pas à revendre. »

En approchant de l’auberge, ils aperçurent une chaise de poste arrêtée devant la porte.

« Une voiture à la porte ! dit M. Tapley. C’est là dedans qu’il est venu, bien sûr. Qu’est-ce qu’il y a donc de nouveau ? Je ne serais pas étonné que ce fût un nouvel élève ; ou peut-être la commande d’une autre école primaire, sur le même modèle que la dernière. »

Avant qu’ils eussent franchi le seuil, Mme Lupin sortit en courant, leur fit signe d’approcher de la voiture, et leur montra un porte manteau sur lequel était écrit le nom de CHUZZLEWIT.

« C’est le mari d’une des demoiselles Pecksniff, dit la bonne dame à Martin. Je ne savais pas trop si vous étiez bien ensemble, et j’étais très-tourmentée jusqu’à ce que vous fussiez de retour.

– Nous n’avons jamais échangé une parole, dit Martin ; et comme je ne désire pas le connaître davantage, je ne veux pas me trouver sur son chemin. C’est auprès de lui que nous avons passé en venant, je n’en doute pas. Je suis content qu’il ait si bien choisi le moment de son arrivée… Mais, diantre ! Mlle Pecksniff a un mari qui voyage en grand seigneur.

– Il y a un beau monsieur qui l’accompagne ; il est dans la