Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leur amphitryon voulut à toute force les accompagner jusque chez eux, en dépit des instances de Tom. Heureuse époque ! heureuse promenade ! heureux adieux ! heureux rêves ! Car il y a aussi des rêves de jour qui font pâlir les plus radieuses visions de la nuit !

La fontaine du Temple murmurait toujours de plus belle au clair de lune, tandis que Ruth dormait à côté de ses fleurs et que John Westlock esquissait de mémoire un portrait… Le portrait de qui ?


CHAPITRE XXI.
Miss Pecksniff fait l’amour, M. Jonas fait de la bile, mistress Gamp fait le thé, et M. Chuffey fait des affaires.



Le lendemain, quand les occupations officielles de Tom furent terminées, il s’empressa de rentrer chez lui sans perdre de temps. Après qu’il eut dîné et qu’il se fut un peu reposé, il sortit, accompagné de Ruth, pour aller faire sa visite chez mistress Todgers. Tom emmena Ruth, non-seulement parce qu’il était toujours très-heureux d’avoir sa société, mais encore parce qu’il désirait qu’elle consolât un peu la pauvre Merry ; quant à Ruth, elle y était toute disposée, car Tom lui avait raconté la triste histoire de la jeune femme.

« Elle a été si contente de me voir, dit Tom, qu’elle sera, bien sûr, contente de vous voir aussi. Votre sympathie, naturellement, lui semblera bien plus délicate et plus agréable que la mienne.

– Cela ne me paraît pas certain du tout, répondit-elle ; et vous ne vous rendez pas justice, vraiment. Mais j’espère qu’elle m’aimera aussi, Tom.

– Elle ne pourra faire autrement ! s’écria-t-il avec assurance.

– Que d’amis j’aurais si tout le monde était de votre avis ! N’est-ce pas, cher Tom ? »

Et sa petite sœur lui pinça la joue.

Tom se mit à rire, et dit que, dans le cas présent, il ne doutait pas que Mercy fût de la même opinion que lui.