Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/365

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Vraiment ! … s’écria Martin.

– Il concerne un membre de votre famille et il est de nature sérieuse. Si vous avez la bonté de rester ici, j’aurai la satisfaction de vous le communiquer en conférence particulière, afin que vous puissiez en apprécier l’importance par vous-même.

– En attendant, dit Tom, il faut absolument que je me sauve sans plus de cérémonie.

– Votre emploi, demanda Martin, est-il donc si assujettissant que vous ne puissiez rester avec nous une demi-heure seulement ? Je voudrais bien vous retenir. Et quel est cet emploi, Tom ? »

Ce fut au tour de Tom d’être embarrassé ; mais il répondit franchement, après un moment d’hésitation :

« En vérité, Martin, je ne suis pas trop à même de vous le dire ; j’espère cependant être bientôt plus avancé ; je ne sache pas d’autre raison qui m’en empêche pour le moment que la recommandation expresse de mon patron. C’est une position désagréable, ajouta Tom, qui éprouva un sentiment pénible en voyant le doute se peindre sur les traits de son ami ; je l’éprouve chaque jour ; mais en vérité je n’y puis rien ; n’est-ce pas, John ? »

John Westlock répondit dans le même sens ; et Martin, se déclarant parfaitement satisfait, les pria de ne pas insister davantage à cet égard ; bien que, au fond du cœur, il ne pût s’empêcher de se demander avec étonnement quel étrange emploi Tom remplissait, et pourquoi, en parlant de ses fonctions, il était si mystérieux, si embarrassé, si différent de lui-même. Malgré lui, cette pensée lui revint plusieurs fois à l’esprit après le départ de Tom, qui les quitta dès que la conversation fut terminée. Tom avait emmené M. Tapley, qui, comme il le disait en riant, pouvait l’accompagner jusqu’à Fleet-Street, sans inconvénient.

« Et qu’est-ce que vous comptez faire, Mark ? demanda Tom, tandis qu’ils cheminaient ensemble.

– Ce que je compte faire, monsieur ? répliqua Mark.

– Oui. Quelle sorte de parti comptez-vous prendre ?

– Ah ! très-bien, monsieur. Le fait est que j’ai eu quelque idée, comme qui dirait, de me marier.

– Vous n’y pensez pas, Mark ! s’écria Tom.

– Pardon, monsieur, je n’aurai pas de dégoût pour la chose.