Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/370

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tion profonde ; et, bientôt après, il revint remplir sa promesse. Martin, en l’accompagnant dans l’autre chambre, y trouva une troisième personne ; sans doute l’étranger dont John Westlock avait parlé quand Martin lui avait été présenté par Tom Pinch.

C’était un jeune homme, très-brun de cheveux, avec des yeux noirs. Il était maigre et pâle, et paraissait à peine remis d’une longue maladie. Il se leva en voyant entrer Martin mais se rassit sur l’invitation de John. Il avait les yeux baissés ; et, sauf un regard d’humilité à la fois et de supplication qu’il jeta sur les deux amis, il les tint de même tout le temps et resta dans l’immobilité et le silence.

« Le nom de la personne que vous voyez est Lewsome, dit John Westlock. C’est le gentleman dont je vous ai parlé et qui, étant tombé malade à l’hôtel voisin, s’est trouvé dans un état si grave. Il a beaucoup souffert, même depuis qu’il a commencé à se rétablir ; mais, comme vous pouvez voir, il va bien maintenant. »

Lewsome n’avait ni fait un mouvement ni prononcé une parole. Tandis que John Westlock se reposait, Martin, ne sachant que dire, balbutia qu’il était bien aise d’apprendre ce rétablissement.

« Hier, pour la première fois, reprit John en regardant fixement M. Lewsome et non Martin, il m’a communiqué, et ce matin même il m’a répété, sans la moindre altération dans les détails essentiels, le petit récit que je désire que vous entendiez de sa propre bouche, monsieur Chuzzlewit. Comme je vous l’ai dit déjà, avant de quitter l’hôtel, il m’avait informé qu’il avait à me révéler un secret qui lui pesait sur la conscience. Mais flottant entre la maladie et la guérison, partagé entre son désir de se dégager de ce secret et sa crainte de se perdre en le divulguant, il avait jusqu’ici évité de le faire connaître. Je ne le pressais pas à cet égard (ne pensant pas que ce fût quelque chose de grave et d’important, et, d’ailleurs, ne me croyant pas en droit de le questionner), quand son aveu volontaire, contenu dans une lettre qu’il m’écrivit de la campagne, me donna à entendre que le secret en question concernait une personne du nom de Jonas Chuzzlewit. Je jugeai que cette affaire pourrait jeter quelque jour sur le petit mystère qui ne laisse pas que de causer à Tom une certaine inquiétude. J’interrogeai donc M. Lewsome, et il me fit le récit que vous allez lui entendre répéter. Je dois reconnaître, à son