Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/375

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ridique, le vieillard pouvait encore être mort naturellement. À cette époque, M. Pecksniff était dans la maison, et prenait part à tous les conseils qui s’y tenaient : ce que Tom se rappela tout de suite, lorsqu’il vint dans l’après-midi chez John. Or, il n’y avait rien eu de caché pour M. Pecksniff. Le grand-père de Martin était assurément la personne qui eût eu le plus d’autorité pour décider quel parti il fallait prendre ; mais obtenir son avis était chose impossible, car son avis serait absolument conforme à celui de Pecksniff ; et, quant à la nature de l’opinion de M. Pecksniff sur son gendre, il était fort aisé de deviner ce qu’elle pouvait être.

En dehors de ces considérations, Martin répugnait à l’idée de paraître s’acharner à cette accusation dénaturée contre un parent, et de s’en faire un marchepied pour ressaisir la faveur de son grand-père. Il ne pouvait échapper à ce soupçon, s’il allait se présenter devant son grand-père dans la maison de M. Pecksniff pour faire cette déclaration, et il savait bien que M. Pecksniff plus que personne ne manquerait pas de représenter sa conduite sous ce jour méprisable. D’un autre côté, être en possession d’un tel secret et ne prendre aucune mesure pour le mieux éclaircir, c’était en quelque sorte se rendre complice du crime dont cette confidence devait amener la découverte.

En un mot, ils ne savaient comment trouver à ce dédale de difficultés une issue qui ne fût pas hérissée d’épines, et, bien que M. Tapley eût été tout d’abord mis dans la confidence, et que l’imagination fertile de ce gentleman lui suggérât en tout temps une foule d’expédients hardis, qu’il était prêt, rendons-lui cette justice, à mettre immédiatement à exécution sous sa propre responsabilité, cependant, à cela près du zèle, en ce moment inutile, que pouvait montrer Mark, ses offres de service n’avançaient pas beaucoup les choses dans ce cas particulier.

Au milieu de ces perplexités, Tom raconta la conduite étrange tenue par le vieux commis, dans la soirée où on avait pris le thé chez Jonas. Cette confidence parut très-importante ; et tous en conclurent que, si l’on pouvait arriver à connaître d’une manière plus approfondie les ressorts de l’esprit et de la mémoire de ce vieillard, ce serait un grand pas fait dans la recherche de la vérité. Ainsi, après s’être assurés d’abord qu’aucun rapport n’avait jamais existé entre Lewsome et M. Chuffey (ce qui eût pu expliquer les soupçons que le vieil-