Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/456

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dans cet état pitoyable qu’elle fut emmenée par M. Sweedlepipe, qui, entre ses deux malades, mistress Gamp qui se pâmait et Bailey qui tournait comme un toton, avait fort à faire, le pauvre homme.

Le vieillard le suivit, en souriant, d’un regard qui vint à rencontrer la sœur de Tom Pinch, et alors il sourit bien mieux encore.

« Nous dînerons tous ensemble aujourd’hui, dit-il, et comme vous, Martin, et Mary vous avez bien des choses à vous dire, vous garderez la maison pour nous ce matin, en compagnie de M. et Mme Tapley. Pendant ce temps, j’irai visiter votre logement, Tom. »

Tom était enchanté. Ruth ne l’était pas moins. Elle voulut aller avec eux.

« Merci, ma bonne petite, dit ce dernier. Mais je crains d’avoir à faire faire à Tom de nombreux détours pour mes affaires, ma chère. Si vous vouliez partir devant ? »

La jolie petite Ruth, toujours contente, ne demandait pas mieux.

« Mais pas seule, dit Martin, pas seule. J’ose croire que M. Westlock voudra bien vous tenir compagnie. »

Certainement, c’était tout ce que M. Westlock pouvait désirer de mieux. Comme ces vieillards sont imprudents !

« Êtes-vous bien sûr, dit Martin en insistant, de n’avoir pas d’autre engagement ? »

Un engagement ! … Allons donc ! Est-ce qu’il pourrait avoir un engagement !

John et Ruth partirent donc bras dessus bras dessous.

Lorsque, quelques minutes après, Tom et M. Chuzzlewit sortirent à leur tour, également bras dessus bras dessous, le vieillard souriait encore ; et vraiment, pour un gentleman sérieux comme lui, ce sourire-là était bien malin.