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CHAPITRE XXVIII.


Ce que John Westlock dit à la sœur de Tom Pinch ; ce que la sœur de Tom Pinch dit à John Westlock ; ce que Tom Pinch leur dit à tous deux, et comment ils passèrent tous ensemble le reste de la journée.


La Fontaine du Temple étincelait sous les rayons du soleil, et sa musique liquide jouait les éclats de rire les plus joyeux ; et gaiement aussi les gouttes d’eau capricieuses dansaient à qui mieux mieux, et venaient épier dans leurs ébats folâtres à travers le feuillage des arbres, puis plongeaient légèrement en cascade pour se cacher, au moment où elles virent venir la petite Ruth avec son compagnon. Et pourquoi aussi s’en venaient-ils du côté de la fontaine ? C’est un mystère, car ils n’avaient que faire là. Ce n’était pas leur chemin. Ils n’avaient pas plus affaire de la fontaine, Dieu merci, que de… l’amour, en toute autre inutilité du même genre.


Sans doute Tom et sa sœur avaient pu se donner parfois rendez-vous à la fontaine ; mais ici c’était bien différent. En effet, lorsque Ruth avait à attendre Tom une minute ou deux, il eût été naturellement très-désagréable pour elle de stationner ailleurs que dans un lieu tranquille ; et ce lieu-là, tout considéré, était le plus tranquille qu’ils pussent choisir. Mais quand Ruth avait John Westlock pour veiller sur elle, et qu’en donnant le bras à Westlock elle se rendait à son logis, qui était dans une direction tout à fait opposée, c’était vraiment bien extraordinaire qu’ils fussent venus près de cette fontaine.


Quoi qu’il en soit, ils s’y trouvaient, et ce qu’il y a de plus extraordinaire encore, c’est qu’ils semblaient y être venus par un accord tacite. Cependant, une fois qu’ils y furent arrivés, ils éprouvèrent un peu de confusion de se voir là, et c’est encore ce qu’il y a de plus singulier dans l’affaire : car il n’y a dans une fontaine rien qui soit de nature à causer de la confusion, tout le monde sait cela.


« Quel bon endroit ! dit John avec une chaleureuse sympathie pour la fontaine.