Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/463

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« John ! … s’écria Tom. John ! …

– Cher Tom, dit son ami, donnez-moi la main. Nous sommes frères, Tom. »

Tom lui pressa la main de toute sa force, embrassa sa sœur avec tendresse et la jeta dans les bras de John Westlock.

« Ne me parlez pas, John. Le ciel est bien bon pour nous. Je… »

Tom ne put articuler un mot de plus ; il sortit de la chambre, et Ruth le suivit.

Et lorsqu’ils revinrent, au bout de quelques instants, Ruth paraissait plus charmante, et Tom meilleur et plus candide que jamais, s’il était possible. Et, bien qu’il ne pût pas encore parler sur ce sujet (sa joie était trop récente), il mit ses deux mains dans celles de John avec une chaleur qui valait mieux que toutes les protestations possibles.

« Je suis content que vous ayez choisi ce jour-ci, dit M. Chuzzlewit à John, avec le même sourire de malice qu’au moment où les deux jeunes gens l’avaient quitté. J’étais sûr que vous n’y manqueriez pas. J’espère que Tom et moi nous y avons mis de la discrétion ; nous avons été assez longtemps ; et pourtant je suis tellement brouillé depuis des siècles avec la connaissance pratique de ces sortes de sujets, que je n’étais pas sans quelque appréhension, je vous l’assure.

– Votre expérience vous fait encore beaucoup d’honneur, monsieur, répondit John en riant, si c’est elle qui vous a fait deviner ce qui devait arriver aujourd’hui.

– Après ça, monsieur Westlock, peut-être n’était-il pas besoin d’être un grand prophète : il suffisait de vous voir ensemble, Ruth et vous. Venez ici, ma toute belle. Regardez ce que Tom et moi nous avons acheté ce matin, tandis que, de votre côté, vous faisiez votre petit commerce de change avec le jeune négociant que voici. »

La façon dont le vieillard fit asseoir Ruth auprès de lui et le ton badin qu’il donnait à sa voix en lui parlant, comme s’il parlait à une petite fille, étaient quelque chose d’assez plaisant ; mais cela était plein de tendresse, et point du tout désagréable, je vous assure, à la charmante petite Ruth. »

« Voyez ! dit-il tirant une boîte de sa poche, quel beau collier ! Ah ! comme il brille ! Et ces boucles d’oreilles, et ces bracelets, et cette ceinture pour vous serrer la taille ! C’est une parure qui vous est destinée ; Mary a la pareille. Tom n’y