Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome2.djvu/470

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lieu dans le parloir de Pecksniff. Après quoi, miss Pecksniff remarqua qu’il y a dans l’accomplissement du devoir une douceur qui neutralise l’amertume de notre calice.

Les invités n’étaient pas encore réunis ; il était même de si bonne heure que miss Pecksniff s’occupait sans se presser du soin de sa toilette, quand une voiture s’arrêta non loin du Monument. Mark descendit du siège de derrière et aida M. Chuzzlewit à mettre pied à terre. La voiture resta là à les attendre, M. Tapley en fit autant. M. Chuzzlewit entra seul chez Mme Todgers.

Il fut introduit dans la salle à manger par le successeur dégénéré de M. Bailey ; et, comme la visite du vieux gentleman était attendue, Mme Todgers parut immédiatement.

« Vous voilà habillé pour une noce, à ce que je vois, » dit-il.

Mme Todgers, qui perdait la tête au milieu des préparatifs, répondit affirmativement et elle ajouta :

« Ce mariage, dans un pareil moment, se fait un peu contre mon gré, je vous l’assure, monsieur ; mais miss Pecksniff y était décidée ; et puis, il est bien temps réellement qu’elle se marie. On ne peut pas dire le contraire.

– Non, assurément non. Sa sœur ne prend sans doute aucune part à cette fête ?

– Oh ! mon Dieu, non, monsieur. Pauvre créature ! dit Mme Todgers en secouant la tête et baissant la voix. Depuis ses derniers malheurs, elle n’est pas sortie de ma chambre… Tenez, la chambre d’à côté.

– Est-elle prête à me voir ? demanda-t-il.

– Tout à fait prête, monsieur.

– Alors ne perdons pas de temps. »

Mme Todgers conduisit le vieux gentleman dans la petite chambre de derrière qui avait vue sur la citerne. Là, bien différente de ce qu’elle était la première fois qu’elle vint dans cette maison, était assise la pauvre Merry, en habit de deuil. La chambre paraissait sombre et triste, et Merry était comme la chambre ; mais elle avait près d’elle un ami fidèle jusqu’à la fin : c’était le vieux Chuffey.

M. Chuzzlewit s’assit à côté de la jeune veuve. Elle lui prit la main qu’elle porta à ses lèvres. On voyait qu’elle avait bien du chagrin ; M. Chuzzlewit était aussi très-ému : car il n’avait pas revu Merry depuis le jour de leur rencontre dans le cimetière.

« Je vous jugeai trop précipitamment, dit-il à voix basse.